Le quartier impérial de Metz

19 décembre 2023

Le quartier Impérial de Metz, situé au sud du centre de la ville, tient son nom du deuxième Reich allemand, installé dans la ville avant la première guerre mondiale. On parle alors de Neue Stadt, nouvelle ville ; celle-ci s'installe au delà de l'enceinte médiévale dont on trouvait encore des traces à la fin du XIXè siècle.

Au delà de la volonté de modernisation de la cité, il est bien question de germaniser les lieux avec une architecture que l'on ne trouve nulle part en France.

Et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi d'en parler. Cette architecture n'est certainement pas Art Déco mais elle ne me laisse pas de marbre, à l'inverse de la majorité de ce qu'on pouvait faire dans les années 10 en France.

Tous les bâtiments ne sont pas répertoriés ici mais nous verrons un panel représentatif.

Maison type

Si je lui donne cet attribut, c'est qu'on retrouve la même maison (ou petit immeuble) à plusieurs endroits de ce quartier, à l'identique ou à peu de choses près. Parfois, on lit sur le fronton la date de 1911. Celle-ci est située ironiquement Avenue Robert Schumann. Les frontons ne ses différents côtés ne sont pas identiques. On ne saura dire quelle est la façade principale.

Immeuble Place d'Austrasie

Si on le regarde, de façon distraite, sans s'attacher aux détails, tous les critères de l'Art Déco sont là : les lignes droites côtoient les arrondis, balcons en fer forgés, motifs spirales, bow-windows. C'est impressionnant en un sens pour une construction de 1911. Alors, les détails infirment la proposition d'Art Déco mais voyez à quel point nous sommes loin de l'Art Nouveau, si l'on devait comparer.

Immeuble Rue Charlemagne

Un petit goût de petite ville Allemande, n'est-ce pas ? Cette construction est du meilleur goût, d'après moi. Une grande variété dans les étages (si l'on regarde bien, il n'y a pas deux étages identiques), variété dans les ouvertures, des arcades du rez-de-chaussée au fenêtres des chambres de bonne, et variété également dans les matériaux de construction, bien qu'il soit difficile de savoir ce qui vient des rénovations successives.

Porte Serpenoise

Cette porte est située à l'entrée de l'avenue Robert Schumann dont nous avons parlé tout à l'heure. Elle est massive et rappelle la fonction militaire des portes, comme on pouvait la trouver chez Vauban. Son architecture n'est pas très dessinée, pas très allemande, pas très originale et n'a rien d'esthétique. Elle marque l'entrée nord (nord-nord-est) du quartier.

Château d'eau

Situé à côté de la gare, ce château d'eau fait preuve de beaucoup plus d'imagination. On note l'utilisation de matériaux multiples.

La gare

La construction de cette gare se termine en 1908. Je ne saurais comment décrire cette architecture ; je vais donc me laisser aller à l'émotionnel. D'un côté, elle me fascine par ses spécificités, d'un autre, elle me paraît d'une lourdeur affligeante. C'est comme un bon plat, gouteux mais rapidement écoeurant. "En reprendrez-vous ? Non merci". Je suis très content de l'avoir observé sous toutes ses coutures, mais je préfère de pas m'y attarder plus que cela. (Je n'a pas bénéficié du soleil au moment de prendre ces photos).

Poste Centrale, Rue Lafayette

Voici ce qu'en dit le panneau explicatif officiel : Par son matériau comme par son architecture, ce bâtiment confirme la volonté de monumentalité des autorités allemandes pour ce quartier. L'empereur Guillaume II demande de bâtir dans le style néo-roman les bâtiments publics du quartier gare. Construite de 1907 à 1911 en grès rose, ses lignes sobres soulignent le caractère symétrique et les références à l'architecture médiévale très appréciée de l'empereur. Tout comme pour la gare, ce monument allie historicisme et fonctionnalité, il a fallu recourir à des pilotis en béton armé afin d'asseoir les fondations du monument sur le sous-sol meuble. La presse de l'époque a d'ailleurs salué la modernité de ce « palais des communications ». La décoration symbolique est réservée à la gare toute proche. La poste, qui peut sembler sévère, a l'allure d'un chateau fort tel que l'on pouvait en voir sur les bords du Rhin.

Il y a là-dedans des formules un peu ampoulées, mais oui, c'est vrai, le bâtiment est sévère et peut rappeler l'architecture militaire. De là à parler de néo-roman... c'est vouloir classer les choses à peu de frais ; ça ne me semble pas nécessaire.

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