L'architecture dans le film Robin des bois (2018)

04 mars 2019

Je viens de voir le film Robin Hood réalisé par Otto Bathurst, avec ma famille et j'ai tout de suite pensé à vous ; pour être exact, j'avais tellement de choses à dire sur l'architecture que je me suis dit qu'il était préférable que j'extériorise tout ceci dans un article, d'autant qu'il est question d'architecture d'entre-deux-guerres, aussi curieux que cela puisse paraître !

Peu importe mon avis général sur le film. Je peux vous dire en un mot que j'ai trouvé les acteurs plutôt bons, le scénario général très inspiré des précédentes versions de l'histoire de Robin des Bois, que j'ai trouvé qu'il y avait de nombreuses ficelles et pas mal de maladresses mais c'est sur l'aspect artistique et surtout architectural que j'aimerais insister.

Le film a fait le choix de se situer hors du temps. Ah... c'est intéressant et tout à fait possible. C'est un peu le cas sur des films comme Hunger Games ou Star Wars et bien d'autres qui ne me reviennent pas en tête. Quand on ne situe pas dans une période, on ne peut pas être accusé d'anachronisme, c'est logique. Et pourtant, il faut être diablement habile pour réussir ce tour de force.

Rentrons dans le détail des choix architecturaux.

Une des premières images du film est celle-ci (cliquez pour agrandir) :


On y voit le très beau château du Seigneur de Loxley au premier plan, avec toutes ses dépendances puis, au second plan, une large ville, entourée de murailles ; au loin une construction plus haute que les autres. Le château tire ses origines au Moyen âge avec toutefois une toiture moderne, qui ne saurait être plus ancienne que le XIXème siècle. Nous avons deux couches superposées : une première très réelle et une seconde incrustée informatiquement.

Est-on hors du temps avec cette image ? Je ne sais pas... La construction est vieillie, les toitures modernes également, on repère quelques cheminées en béton. Pour moi, l'époque est moderne ici. La présence de la grande ville au loin l'est aussi.

Entre en scène Robin en habits (plus ou moins) du Moyen âge, suivie de Marianne, habillée en Shéhérazade, qui fait un peu écho aux Croisades qui seront évoquées plus loin. Avançons.


On remarque toujours la ville au second plan et, au premier plan, quelque chose de tout à fait différent : une église romane et des bâtiments qui donnent plus l'impression d'avoir été fraîchement rénovés que fraîchement bâtis. Entre les deux plans, un ancien pont en pierre recouvert d'acier. Bien, nous y voilà : le mélange des genres, le modernisme qui se mêle au classique. C'est intéressant.

Dans les hauteurs de la ville, le château... non je ne trouve pas d'adjectif à rajouter. Ce n'est pas celui du seigneur puisqu'il y en a plusieurs dans l'histoire, dont le principal protagoniste. C'est là que se déroule la partie administrative de l'histoire ; c'est le lieu d'habitation du Shérif. Son architecture est irréelle, plus inspirée des grands bâtiments administratifs du troisième Reich (ou comme une amplification d'une halle aux bestiaux des années 30), que d'un château royal.


Mais le Moyen âge n'est jamais loin. Le voilà rappelé en ces remparts, dans une vue à la Assassin's creed (le jeu vidéo).


Là où je ne comprends plus rien, c'est avec cette prise de vue en studio :


Sommes-nous dans le château, près du château ? Regardez les vues précédentes, cela ne correspond à rien et ça me gêne un peu plus. Ensuite, on a l'impression de passer les murailles d'une ville chinoise d'une ère ancienne mais cela ne me dérange pas du tout, à condition qu'il y ait un peu de cohérence dans l'ensemble.

Il en va de même ici :


Le Frère Jean, le Cardinal... la religion est très présente alors il nous faut une église. Après renseignement, j'ai appris que le studio des pays de l'Est européen choisi pour le tournage a brûlé et qu'il a fallu en urgence trouver de nouveaux studios. L'équipe a alors déménagé à Saint-Denis, au nord de Paris. Et donc, au moment de trouver une église, ils se sont naturellement tournés vers ? La basilique de Saint-Denis, c'est évident. Perdu ! Vers la célèbre église du Raincy, construite en béton armé par les frères Perret en 1923. J'ai eu du mal à en croire mes yeux quand je l'ai reconnue !


Il y a ensuite une scène importante autour de ce qui est appelé une mine, qui se trouve ressembler fort à une fonderie et surtout à n'importe quoi, sachant qu'il n'y a pas de roche apparente et que tout se passe à la surface. Pourquoi une mine du coup ? S'en suivent des poursuites à cheval ou à calèche toutes plus improbables les unes que les autres. Nous avons des cabanes en bois et des passerelles sans aucune utilité à n'en plus finir...

Cela me fait penser ni plus ni moins à un jeu vidéo. Et qu'est-ce que fait un mauvais jeu vidéo quand il n'a plus d'idée de décor ? Il invente un niveau dans une mine ! Mario... dans une mine, Astérix le Gaulois... dans une mine, Supercopter (je n'invente rien)... dans une mine, Terminator... dans une mine ! J'ai bien peur que le réalisateur de ce film ait souffert lui aussi du manque d'idée.



Peut-être que ce film aurait gagné à adopter des parti-pris tranchés : si l'on est hors du temps, on l'est vraiment, au lieu d'être parfois moderne, parfois ancien. Si l'on fait une comédie, on l'assume également. Si l'on veut s'inspirer des jeux vidéo, alors, que ce soit clair aussi dès le début .

J'ai trouvé ce film intéressant à plus d'un titre mais je lui reproche sa demi-mesure, au niveau scénaristique comme au niveau artistique.


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