Immeuble 16 rue Chardon-Lagache, Paris 16ème

07 juillet 2019

Au 16 rue Chardon-Lagarche, dans le 16^ème arrondissement de Paris, à l'angle de la rue Molitor, on trouve un immeuble intéressant mais somme toute assez banal pour cet arrondissement. Alors pourquoi lui réserver un article à lui tout seul ? C'est la présence de deux bas-reliefs verticaux sur le thème de l'agriculture qui lui apportent un cachet supplémentaire et en font une oeuvre d'art.

Architecture

J'ai volontairement exagéré plus haut en qualifiant l'architecture de cet immeuble de banal. Il est même très intéressant ; il date de 1938 et on le doit à l'architecte Jean Hillard, à qui l'on doit également un immeuble au 16, rue Wilhem, dans le même arrondissement et des ateliers à Boulogne-Billancourt.

Nous avons un immeuble en pierre de taille de huit étages. On note des bow-windows gigantesques sur cinq étages. Les 2^ème, 6^ème et 7^ème étage possèdent des balcons en pierre avec balustre quand les autres se contentent de balconnet avec un motif en ferronnerie sans intérêt particulier. Une fois n'est pas coutume, le dernier étage, généralement réservé aux gens de maison semble, d'extérieur, tout à fait confortable.

Son plan est un « V », où les deux branches sont symétriques ; elles se rejoignent sans angle sur une troisième façade d'une dizaine de mètres comptant deux ouvertures par étage.

On remarque ici ou là quelques motifs, chevrons ou autres, ni spécialement modernes, ni spécialement typiques de l'Art Déco.

La sculpture

Les deux bas-reliefs sont le fruit du travail du sculpteur Maxime Chiquet, très actif dans le nord-est de la France, également en tant que restaurateur. Chacune des sculptures est divisée en trois parties.

Celle de la partie gauche est sur le thème de travail aux champs et plus particulièrement, du travail du blé. Dans la partie inférieure, on voit un faucheur avec sa faux, torse nu, un chapeau à la main et une cueilleuse de fleurs. On devine par les attitudes, que c'est l'heure de la pause ou du repos. Dans la partie centrale, un faucheur est à l'oeuvre, au milieu d'épis de blé. Dans la partie supérieure, un berger et son chien gardent des moutons et un bélier. On voit également un champ moissonné, une charrette de paille et un moulin, pour bien souligner la thématique unique du blé.

Dans la seconde, c'est la vigne qui est à l'honneur ainsi que toutes les activités s'y rattachant. Dans la partie inférieure, deux femmes sont affectées au transport des lourds paniers remplis de grappes de raisin. La transition est faite de façon très gracieuse avec la partie supérieure avec des lignes obliques de grappes et de feuilles de vigne. Dans la partie centrale, on travaille le raisin, on le met en tonneau. La partie supérieure est celle de la fabrication du vin ; on aperçoit justement une presse.

Pour aller plus loin

Dans le coin supérieur droit du dernier bas-relief, un château. Quel est ce château ? Il faudrait faire des recherches qui nous mèneraient un peu loin mais on peut simplement se poser la question : « Pourquoi des sculptures sur le thème de l'agriculture sur un bâtiment bourgeois du XVI^ème arrondissement ? » Je ne voudrais pas dire du mal des bourgeois mais nous sommes d'accord que le paysan n'est pas la préoccupation principale du riche habitant de cet arrondissement, d'autant plus riche qu'il est commanditaire d'un immeuble d'environ 1500 m².

Eh bien je fais le pari que ce château est la propriété familiale de ce même commanditaire, amené à faire des affaires à Paris comme en province, où il possède des champs et des vignes. J'admettrais volontiers m'être trompé mais c'est souvent comme ça que cela fonctionne.