L'hôtel de ville de Privas

19 septembre 2016

L'hôtel de ville de Privas, préfecture d'Ardèche, a été terminé en 1949 mais cette information ne peut être détachée de deux autres dates : la commande du bâtiment, en 1933, à l'architecte ardéchois Bomel et la pose de la première pierre en 1936.


L’élévation de la mairie ne se fit pas sans contestation de la part de la population pour plusieurs raisons : l'emplacement sur d'anciens îlots insalubres ne plaisaient pas à certains qui voulaient un hôtel de ville plus central, l'architecture moderne, surtout pour la région, et le non alignement sur l'architecture XVIIème encore majoritairement présente à l'époque.

Voici ce qu'on peut lire sur un journal d'époque :

Le 14 octobre prochain sera mis en adjudication le premier lot (démolition de l'îlot insalubre, les travaux d'assainissement et le gros oeuvre se montant d'après devis à la somme de 961 000 frs) de l'important projet d’assainissement du quartier de la préfecture et de la construction d'un nouvel hôtel de ville.
Une fois l'adjudication tranchée au profit du soumissionnaire qui aura fait le plus gros rabais, les travaux, nous assure-t-on, seront menés avec toute la célérité voulue de sorte que, dans un avenir plus ou moins rapproché, les Privadois posséderont enfin une mairie digne du chef-lieu qu'ils pourront montrer aux visiteurs sans s'exposer à des réflexions désobligeantes pour la réputation de notre cité.

Cet extrait d'article est fascinant à plus d'un titre :
- Il rentre vraiment dans le détail, beaucoup plus qu'on ne le ferait aujourd'hui.
- Le devis ne propose apparemment pas de durée estimée des travaux, c'est étonnant.
- La fierté semble avoir joué un rôle important dans la commande de cet hôtel de ville. C'est peut-être ce qui explique la taille impressionnante du beffroi pour une aussi petite ville, fut-elle préfecture de département.


L'architecture

Bien qu'ayant visité le bâtiment de fond en comble lors des journées du patrimoine 2016, en ayant eu accès à des documents d'archives, je n'ai pas trouvé grand chose sur l'architecture ni sur l'architecte. Celui-ci est inconnu au bataillon. Sur les travaux, on sait qu'ils ont été interrompus par la guerre et qu'ils ont bénéficié d'un budget supplémentaire de plusieurs millions de francs anciens. Seul l'article précédent s'est risqué à une description du futur bâtiment, sur plan. Là encore, c'est étonnant à quel point il rentre dans le détail :

Le nouveau bâtiment affecte la forme (modifiée par suite, ndlr) d'un trapèze irrégulier dont les deux bases seront en bordure de la place et de la rue du Télégraphe. Construit en béton armé, malgré sa silhouette moderne, il respecte les plus pures traditions françaises et ardéchoises, l'architecte s'étant inspiré directement des grands principes qui ont fait la gloire de Mansart et de ses successeurs.
Le corps principal comprend deux étages construits sur un entresol. Il est surmonté d'un beffroi dont une terrasse couronnera le faîte. Sur chaque face de celui-ci sera une horloge électrique qui aura cette particularité de ne pas comporter de cadran, les heures étant inscrites dans les fenêtres éclairant l'escalier intérieur. De plus, reliée directement à l'horloge paroissiale, elle donnera exactement la même heure. Au-dessous de cette horloge sur la face principale de la tour, un panneau de mosaïque portera les armes de la ville.

Merci au journaliste anonyme pour cette description.


L'horloge

Voici, en détail, la pièce hébergeant le mécanisme de l'horloge. Comme il a été dit, les numéros sont peints sur des carreaux de verre. On voit encore le scotch posé pour éviter les tâches. À l'origine, les aiguilles étaient accusées d'être sensibles au variations du vent et de se dérégler rapidement. Les photos ci-dessous nous permettent également de voir la structure brute de décoffrage.


Porte et blason

Les vitraux

Les vitraux de la cage d'escalier arborent des motifs très simples mais toutefois parfaitement Art Déco. Ils sont le travail de Thomas, verrier d'art à Valence. Les deux blasons sont ceux de l'Ardèche et de la ville de Privas.



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