La Grand' Place de Béthune

19 novembre 2017

Béthune, dans le Pas-de-Calais (62), fut bombardée pendant la première guerre mondiale dans des proportions colossales. À la fin de la guerre, la ville n'est plus qu'un immense champ de ruines et au centre, seul le Beffroi du XIVème est encore debout.


Mais pour les architectes, c'est l'occasion d'un renouvellement de style. Une loi sur les dommages de guerre de 1919 prévoyait l’indemnisation des biens immobiliers détruits pour faits de guerre mais son budget n'incluant pas des agrandissements éventuels, il a été demandé aux responsables des reconstructions de respecter le cadastre d'origine.

Les anciennes maisons n'étaient pas toujours des pièces d'art, souvent intégralement construites de brique et sans pignon. Curieusement, le pignon flamand, cette élévation triangulaire dans le prolongement de la façade, a été considéré comme étant une marque importante de régionalisme dans cette partie du nord de la France et majoritairement développé dans de nombreuses ville du Nord et de l'Artois.

Les maisons de Jacques Allemand

L'architecte Jacques Allemand, protagoniste important de la reconstruction de la ville de Béthune, est l'auteur, en 1921, de cette rangée de douze maisons jouxtant l'hôtel de ville.


Je suis personnellement resté de nombreuses minutes en admiration devant cet alignement à me demander ce qui avait pu passer par la tête de l'architecte pour nous proposer autant d’éclectisme contenu dans une telle unité stylistique. Regardez comme il s'est amusé avec les rappels de différentes périodes, beaucoup de Renaissance mais également du classique et des choses plus modernes.

Comme il a été dit, le cadastre d'origine a été respecté. Mais si un cadastre indique l'emplacement d'une maison, au sol, il ne précise en rien la hauteur de l'édifice. Ainsi, l'architecte a-t-il pu s'amuser à faire monter les bâtiments sur trois et parfois quatre étages même avec une façade de trois mètres de large. Ceci nous rappelle fortement l'architecte des Pays-Bas.

Et les pignons... tous différents. Ils feront l'objet d'un article à part tellement je souhaite me pencher sur leur cas de manière approfondie.


L'hôtel du vieux Beffroi

Il y a une question que l'on sera amené à se poser à propos de cette reconstruction de Béthune d'avant 1925 : «Mais, après tout, est-ce bien de l'Art Déco ? » Ce n'est pas ici que je trancherai la question mais L'hôtel du vieux Beffroi, de l'architecte Léon Guthmann, propriétaire du lieu est très intéressant pour avancer dans cette question.

L'ambiance néo-renaissance ambiante pourrait nous tromper et nous diriger tout droit vers le XIXème siècle au lieu de la date de 1924. Mais un coup d'oeil approfondi peut nous aider à dégager toute la modernité relative de ce bâtiment.


La grainerie

Les mêmes questions pourront se poser pour La grainerie Delpierre, de l'architecte Paul Degez. Encore une architecture très empreinte de Renaissance. Et pourtant... quelle maison de la Renaissance adopte un tel plan, est juchée d'un tel pignon, possède un rez-de-chaussée dégagé de la sorte, arbore une frise en mosaïque ? Certes, cette architecture n'est pas d'une modernité très ambitieuse, mais le XVIème siècle n'est qu'inspiration, pas imitation.


L'hôtel de ville

La mairie de Béthune est dans la continuité des maisons de Jacques Alleman. Elle adopte finalement, le même plan que ces dernières tout en multipliant les proportions. Sa décoration intérieure utilise des techniques modernes de ferronnerie, de mosaïque et de verrerie. Voir l'article complet sur l'hôtel de ville de Béthune



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Commentaires

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GINES Posté le 19 janvier 2024
Béthune est une belle ville pleine de bons et charmants citoyens.
A mon avis,la meilleure saison pour y rester , c'est sans doute au printemps ou en été.
J'y suis resté une année en 1988 ,en tant que professeur du Lycée Blaringhem.
Merci pour le bon article et les photos.
Au revoir.