Citations

Liste de citations d'artistes et d'architectes sur l'art et l'architecture des années 20 et 30, modernes ou Art Déco. Je m'amuse en remarquant que bien souvent, discours passionné rime avec grande intolérance.


Georges Avril, architecte

Il y a incontestablement un renaissance de l'archticture dans la région. Renaissance qui, tout en laissant jouer l'invention moderne de l'architecte, la rattache aux traditions ou mieux encore l'inspire de la suprême convenance au paysage et au climet. Dire qu'un style est né est encore prématuré. Mais certainement, un grand et heureux mouvement se dessine, dont ne ont peut que se féliciter. Revue Mediterranea, 1928.

Pierre Cabanne, historien de l'art

Malheureusement, l'Exposition des Art Décoratifs sera un écec, elle ajoutera aux confusions, aux ambiguités, aux incertitudes de l'époque. Reflet d'une société molle, instable, plus préoccupée de plaisirs éphémères que de réalisations durables, incapable de fixer son choix entre des tendances antagonistes, l'héritage du XIXè siècle et le bouleversement technologique de la deuxième révolution industrielle, partagée entre le "contemporain" et le "moderne" [...] dans l'Encyclopédie Art Déco, 1986.

Les "modernes" sont donc les novateurs, ceux qui vont de l'avant, épousent le progrès, regardent l'architecture intérieure ou l'objet en fonction non de la tradition mais des besoins actuels ; ils ne reculent pas devant la reproduction en série, la standardisation qui épouvantent les "contemporains" fidèles à la tradition et à la technique artisanale. Dans l'Encyclopédie Art Déco, 1986.

Jean Cocteau, écrivain

On a inventé le genre moderne, le poète moderne, l'esprit moderne. Dire Je suis moderne n'a pas plus de sens que la fameuse farce Nous autres chevaliers du Moyen Âge.

Le Corbusier, architecte

L'architecte n'a rien à voir avec les "styles". Les Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, ou le gothique, sont à l'architecture ce qu'est une plume sur la tête d"une femme ; c'est parfois joli mais pas toujours et rien de plus... dans L'esprit Nouveau, 1920.

Une maison est une machine à habiter. Dans L'art décoratif aujourd'hui, 1921.

L'art décoratif est un terme inconcis et inexact par lequel on représente l'ensemble des objets-membres humains... Prolongements de nos membres, ils sont adaptés aux fontions humaines qui sont des fonctions-types. [...] À vrai dire, l'art décoratif, c'est de l'outillage, du bel outillage. 1925.

Les émotions que suscite l'architecture émanent de conditions physiques inéluctables, irréfutables, oubliées aujourd'hui. 1925.

Abel Fabre, architecte

Aucune des formes anciennes ne nous est étrangère et toutes les expressions du passé nous sont sympathiques parce que nous avons appris à les comprendre et à les aimer, mais un peu d'indifférence se mêle à notre admiration car l'estime cesse là où commence l'imitation. Nous ne confondons plus le style avec les styles, la tradition avec les formules d'école et l'art nous apparaît en fonction de la vie. Manuel d'art chrétien, 1930, p,414.

Paul Géraldy, poète et écrivain

Il y a [...] aujourd'hui un style moderne parfaitement discipliné et qui ressemble à quelque chose. Il ressemble à ce que nous sommes. Il n'est nullement l'ennemi de nos traditions. Il ressemble aux styles d'autrefois dans la mesure où nous ressemblons aux hommes dont nous descendons. Il correspond à nos moeurs. Il satisfait à nos besoins. Il est l'image de notre esprit, de notre culture. Il est moderne au même titre que nous-mêmes. Dans L'Illustration, 1925.

René Gobillot, architecte

On a dit beaucoup de mal du béton armé. C'est humain. Toute nouveauté venant contrecarrer des habitudes depuis longtemps enracinées est généralement assez mal accueillie. Elle nous oblige à une autre optique. Un certain temps est nécessaire pour en prendre l'accoutumance. Le ciment ou béton armé n'a pas échappé à la loi générale. N'étant pas sans défauts, il a soulevé des critiques ; mes ses mérites, par ailleurs, sont indiscutables et ouvrent un champs très vaste à l'activité du constructeur. Dans Architecture moderne et contemporaine, 1933, p.177.

La pierre est chère. Aux frais d'extraction s'ajoutent souvent des frais de transport et toujours les frais de taille, ce qui élève le prix de revient. Rendons lui hommage pourtante parce qu'elle qui sert le mieux l'architecture. Idem, p.184.

La brique, en général, n'était utilisée que faute de mieux ou dans les régions dépourvues de pierre. Employée soit seule, soit en composition avec la pierre, il arrivait souvent qu'on la cachât sous un badigeon, comme c'est le cas à l'église du Sacré-Coeur, à Lille. Or elle vient d'être remise à l'honneur, avec un art si consommé, par Dom Bellot, un moine bénédictin, ancien élève de l'École des Beaux-Arts de Paris, qu'elle peut presque se ranger aujourd'hui parmi les matériaux nobles. Idem, p.185.

L'architecture du premier tiers du XXème siècle restera comme un émouvant rémoignage des efforts de notre génération pour se rattacher à la grande tradition française, non point en pastichant les monuments qu'elle nous a légués, mais bien en se remettant à l'école de la vie, qui est la condition essentielle de l'art., Idem, P.202.

Ernest Kalas, architecte

Que le voisinage immédiat de la capitale de nous effare point ! Ne rougissez plus, messieurs, d'être des artistes ou artisans proviciaux. Reims, 1934.

Robert Mallet-Stevens, architecte

L'architecture est un art essentiellement géométrique... Une maison, un palais est composé d'un ensemble de cubes. 1924

De toutes les constructions qu'on édifie de nos jours, une salle de cinéma est une de celles qui doit présenter le caractère le plus moderne... Un cinéma qui ne serait pas construit dans un style contemporaine ne pourrait pas être beau. 1924.

Édouard Mas-Chancel, architecte

Construisons solide, franc et rude comme l'est notre race et exprimons notre attachement profond pour notre sol par l'utilisation des matériaux extraits de ce sol même et qui vieillissent si bien. L’âme catalane du Roussillon n° 17, p.5, 1935.

Isabelle Papieau, sociologue

Après avoir été d'abord un style élitiste (ayant recours aux matières les plus prestigieuses et au service de structures ou d'équipements « vitrines ») pour une cible socio-culturellement, économiquement affranchie, l'Art Déco élargit son rôle émancipateur en se développant notamment dans les villes gérés par une municipalité sensible aux règles de la modernité, de normalisation et de progrès préconisés par les réformateurs sociaux. Dans L'Art Déco, une esthétique émancipatrice, 2013, p.168.

Auguste Perret, architecte

L'Art Décoratif est à supprimer. Je voudrais savoir qui a accolé ces deux mots, art et décoratif. C'est une monstruosité. Là où il y a de l'art véritable, il n'est pas besoin de décoration. Ce qu'il faut en art, c'et la nudité, la belle nudité antique ou médiévale. Sous prétexte de faire de l'art décoratif, on met des ornements partout, on en arrive même à sculpter des colonnes, chose que l'on n'a jamais vu faire. Comme si une colonne avant besoin d'être sculptée !Interview de 1925.

Jacques-Emile Ruhlmann, ébéniste, meublier

Une clientèle composée d'artistes, d'intellectuels, d'amateurs modestes, est fort sympathique, mais elle n'est pas en mesure de payer tout ce qu'une invention, en matière d'arts appliqués, comporte de recherches, d'essais, de tâtonnements... C'est à coup d'argent que l'Ancien Régime à créé des chefs d'oeuvre... Dans Art et Décoration, 1920.

André Véra, écrivain

Pour les objets mobiliers ne prendrons-nous conseil ni des Anglais ni des Hollandais, mais continuerons-nous la tradition françaises, faisant en sorte que ce style nouveau soit la suite du dernier style traditionnel que nous ayons, c'est à dire du style Louis-Philippe [...] nous voulons renouer avec la tradition que nous voyons arrêtée vers 1848. Dans Le Nouveau Style, 1912.